Vrai ou faux : 7 idées reçues sur l'entrepreneuriat - Ionis-STM          
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L'école de la double compétence
Technologique et manageriale

Vrai ou faux : 7 idées reçues sur l’entrepreneuriat

Grâce aux succès aussi rapides qu’inattendus d’entreprises comme Airbnb, BlaBlaCar ou Uber et à l’apparition de véritables stars idolâtrées comme Steve Jobs et Mark Zuckerberg, l’entrepreneuriat n’a jamais semblé aussi séduisant. Comptant chez ses diplômés 10 fois plus de créateurs d’entreprises que chez ceux sortant des grandes écoles françaises, Ionis-STM a depuis longtemps compris l’importance des entrepreneurs. Pour parler d’eux et de cette évolution des mentalités qui a rendu l’entrepreneuriat sexy, l’école a organisé un Rendez-vous de la double compétence dédié à cette thématique, le 23 novembre dernier. Ainsi, une table-ronde réunissait trois spécialistes de la question : Yann Gozlan, fondateur de l’incubateur Creative Valley, Bertrand Petit, président-fondateur d’InnoCherche, écosystème consacrée à la veille innovation pour dirigeants et Benjamin Wattinne, co-fondateur et directeur général de Sowefund, plateforme de crowfunding qui rassemble les particuliers et les professionnels de l’investissement. L’occasion d’affirmer et d’informer certaines idées reçues propres à ce statut si particulier.

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De gauche à droite : Benjamin Wattinne, Bertrand Petit et Yann Gozlan

Une seule personne suffit
FAUX Souvent vu comme un loup solitaire (mais créatif) par le grand public et la sphère médiatique, l’entrepreneur est pourtant une espèce sociable qui n’est rien sans sa tribu. Bien que voyant l’entrepreneuriat comme d’abord « un choix personnel » destiné à « se faire plaisir », Yann Gozlan considère que le succès ne peut naître qu’à plusieurs. « Cela fait 20 ans que je lance des entreprises, notamment des agences digitales et des sociétés de conseils, en France comme en Asie, mais dans toutes les boîtes qui ont marché que j’ai vues, la place de l’équipe était fondamentale. Aujourd’hui, on entreprend de moins en moins seul. C’est la complémentarité qui compte. » Un avis partagé par Benjamin Wattinne, pour qui « être entrepreneur, c’est savoir s’entourer de gens plus intelligents que soi ». Ainsi, il faut savoir composer un groupe savamment dosé de collaborateurs business, commerce, marketing et technique, car au final, seule l’homogénéité prime. Enfin, tout bon entrepreneur vous le dira : c’est souvent en commençant par solliciter ses proches qu’on peut se lancer dans l’aventure !

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Valérie Pham-Trong, la directrice de Ionis-STM, a animé la table-ronde

On vit une période rêvée pour se lancer dans l’entrepreneuriat
VRAI Contrairement à ce qu’il se faisait il y a 30 ans, les entrepreneurs sont de plus en plus soutenus, y compris en France. Pour Yann Gozlan, c’est d’ailleurs plus que jamais « le bon moment pour lancer sa boîte » tant il existe un nombre important de « structures de conseils – incubateurs, centres d’innovations, écoles, etc. », mais aussi des initiatives (concours, campagne Bpifrance, etc.) soutenant les projets, certaines faisant même dans l’originalité, comme avec le fundtruck qu’a lancé le Sowefund. Surtout, contrairement à ses prédécesseurs, l’entrepreneur du 21e siècle dispose d’un formidable outil : le crowdfunding. Outre le volet financement (voire ci-dessous), « cela permet de voir pas à pas si l’on est dans la bonne direction », analyse Yann Gozlan. Bertand Petit et Benjamin Wattinne le rejoignent sur ce point. « Le crowdfunding permet de tester le marché mondial avant même le lancement de son service ou produit : c’est un sacré changement », juge le premier. « Il offre également la possibilité d’avoir plein d’ambassadeurs », ajoute le second. Une révolution qui aurait pu faire rêver n’importe quel commercial des décennies précédentes. Tous ces éléments, combinés au progrès technologique perpétuel et à l’époque de l’orthèse intellectuelle initiée par l’introduction de l’iPhone en 2007, font dire à Bertrand Petit qu’il ne faut pas laisser passer une opportunité pareille de pouvoir changer le monde « qui n’arrive que tous les deux ou trois siècles ».

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Les étudiants de l’école ont une nouvelle fois participé à l’organisation de la conférence

On ne peut pas réussir sans business plan ni soutien des banques
FAUX Longtemps le business plan faisait office de sésame pour le startuper : sans lui, il ne pouvait pas convaincre les investisseurs. Aujourd’hui, la donne est en train de changer, notamment grâce à l’approche lean startup (qui consiste à faire évoluer un produit au fur et à mesure, en le commercialisant avant qu’il ne soit parfait), à l’impact du crowdfunding et de l’aspect communautaire. « L’importance du business plan commence à passer au second plan, assure Benjamin Wattinne. Bien sûr, si vous êtes un entrepreneur dans un petit pays comme Israël, vous serez obligés de penser à l’International. Idem si vous êtes américains : vous devrez vous concentrer sur les États-Unis. Mais dans l’ensemble, le business plan n’est plus aussi sacré. » Le suivi des banques, longtemps lié avec l’établissement d’un business plan en bonne et due forme, est également devenu moins capital. « Les banquiers disent souvent non, s’amuse Yann Gozlan. Grâce aux communautés, on peut non pas se passer d’eux mais plutôt les faire intervenir dans une seconde étape. »

Ainsi, les entrepreneurs actuels préfèrent désormais chercher et trouver des financements ailleurs avant de prendre rendez-vous à la banque. Pour autant, la question du financement à grande échelle ne doit pas être tout de suite au cœur du projet. « On commence par voir ses proches, puis des incubateurs-accélérateurs et des acteurs institutionnels, rappelle Benjamin Wattinne. C’est ensuite que vient le moment hyper important, celui de la death valley, quand personne ne veut investir dans votre start-up après votre première proof of concept / prototype. C’est seulement à ce moment-là que vous devez vous tourner vers des business angels plus traditionnels ou vers le crowdfunding car l’individu a désormais envie de participer à l’aventure et d’être à l’origine de création d’emplois, de services. » Ensuite, il convient également de ne pas croire qu’une levée de fonds ou que l’apparition d’un business angel est une bonne chose à tous les coups. « La levée de fonds, c’est une drogue qui peut vous laisser dans un état éthéré », développe Bertrand Petit. Par ce parallèle, il faut comprendre qu’un trop plein d’argent peut parfois brider la créativité et bloquer le développement du projet à cause d’impératifs de plus en plus pesants. « Les investisseurs ne sont pas des mécènes : ils veulent aussi récupérer leur argent », note Benjamin Wattine.

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Ce n’est pas l’idée qui fait le succès
VRAI La meilleure idée du monde ne reste qu’une idée : ce qui compte, c’est sa transformation. « L’idée ne vaut rien, juge Bertrand Petit. Si elle est bonne, quelqu’un vous la piquera. Il faut d’abord s’intéresser à un problème et développer par itérations des idées au fur et à mesure autour de celui-ci. » Ainsi, pour éviter d’être la proie des copycats, il convient de développer une vision plus large capable de se nourrir de ce qu’il se trame ailleurs. Evitez alors de vouloir réinventer la roue (d’autres ont déjà essayé) mais concentrez-vous sur l’usage qui en est fait. Et surtout n’emménagez jamais dans une tour d’ivoire.

Seuls les grands groupes sont capables de grandes innovations
FAUX Contrairement à ce qu’on pourrait penser, avoir pignon sur rue n’est pas forcément une chance dans l’économie actuelle. Il n’y a qu’à voir l’émergence récente du GAFA et de startups ambitieuses ayant compris l’intérêt des données et de la sharing economy bien plus vite (et mieux) que les entreprises cotées en bourse. « Ce n’est jamais un acteur de l’écosystème qui fait de l’innovation de rupture », affirme Bertrand Petit. Un bon exemple, c’est la victoire de Tesla sur le marché des voitures électriques alors que les grands constructeurs travaillaient dessus depuis des années. « Aujourd’hui, plein de nouveaux usages et de services sont à penser mais les grands groupes en sont incapables pour trois raisons, poursuit le créateur d’InnoCherche. Premièrement : ils ont une vache à traire et ils vont la traire le plus longtemps possible. Deuxièmement : en tant que marque et donc en tant que média, je ne veux pas mettre mon image à mal à cause d’une innovation de rupture. Troisième : elles ne peuvent pas penser autrement. » De quoi faire dire aux intervenants que, d’ici 15 à 20 ans, la plupart des entreprises actuelles n’existeront plus.

retour_conference_rdv_double_competence_ionis-stm_sept_idees_recues_entrepreneuriat_novembre_2015_conference_05.jpgTout le monde peut devenir entrepreneur.
VRAI… ET FAUX Si l’idée de devenir son propre patron peut être séduisante pour le plus grand nombre, voir un monde uniquement peuplé d’entrepreneurs semble totalement irréaliste. Pour Bertrand Petit, il convient de rappeler que chacun n’est pas animé par le désir d’entreprendre, désir qui vient d’abord « des tripes » et doit se trouver animé par « deux composantes fortes : la volonté de changer le monde et la volonté d’autonomie ». Reste que, si « l’entrepreneuriat peut s’adresser à tout le monde » dixit Yann Gozlan, il faut d’abord surmonter un premier obstacle important : la peur de l’échec.

Il est impossible de rebondir après un premier échec
FAUX Faire couler sa start-up, se planter : voilà quelque-chose qui a de quoi effrayer les néo-entrepreneurs. Ils ne devraient pas l’être à en croire Yann Gozlan. « Longtemps a existé le fichage dans les banques, ce qui faisait qu’elles ne vous prêtaient pas d’argent après un échec. Le rebond était plus difficile à cette époque. Aujourd’hui, ces fiches sont interdites. C’est déjà un plus non négligeable pour des entrepreneurs qui, pour vivre, ne peuvent qu’entreprendre justement et aller de l’avant. Aussi, c’est parfois dans l’échec qu’on voit si une équipe fonctionne : j’ai moi-même monté une deuxième entreprise avec la même équipe après avoir vécu un échec ensemble car, même dans l’adversité, cela s’était très bien passé entre nous ! » D’ailleurs, si en France l’échec a mauvaise presse, il suffit de voir chez nos voisins américains ou asiatiques que ce n’est pas forcément le cas : dans de nombreux pays, il est vu comme un gain énorme d’expérience.

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