« Développer le sens critique et la capacité à bien réfléchir » - Ionis-STM          
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L'école de la double compétence
Technologique et manageriale

« Développer le sens critique et la capacité à bien réfléchir »

3Sigaud.jpgInterview de Jean-Bernard Sigaud, intervenant sur le secteur énergétique à Ionis-STM.

Diplômé de l’Ecole Polytechnique et de l’Ecole du pétrole et des moteurs, Jean-Bernard Sigaud rejoint le groupe Total au sein duquel il effectue toute sa carrière : d’abord sur le terrain, puis à des postes de direction. Ce parcours le conduit à élargir peu à peu son domaine de compétences à l’ensemble du secteur énergétique, ainsi qu’à certains domaines ou problématiques connexes telles que la chimie, le transport et l’environnement. Il est aujourd’hui intervenant sur le secteur énergétique à Ionis-STM.

Qu’est-ce qui vous a poussé et vous retient dans la voie de l’enseignement ?

Je pense que ce que j’essaie de transmettre aux étudiants relève davantage de l’éducation que de l’enseignement au sens scolaire du terme. La plupart des savoirs nécessaires peuvent être apportés par le système d’enseignement existant. C’est plutôt le savoir-faire qui fait le plus souvent défaut chez les jeunes professionnels. Cela concerne naturellement les savoir-faire techniques (qui s’acquièrent progressivement sur le terrain) ainsi que le « savoir-être », qui fait désormais l’objet de formations ad-hoc dans la plupart des entreprises. Mais on se soucie trop peu à mon sens de développer le sens critique et la capacité à bien réfléchir, qui sont pourtant des qualités essentielles pour tous les futurs décideurs. C’est du constat de cette lacune que provient ma motivation pour l’enseignement.

Votre plus grande réussite pédagogique ?

Ma plus grande satisfaction en matière pédagogique tient à une expérience anecdotique, mais symptomatique. Il s’agit de la réaction d’un étudiant qui, après une étude « bâclée » et quelques explications de ma part sur ce que j’en attendais, s’est pris au jeu jusqu’à refaire entièrement l’étude en allant cette fois-ci au fond des choses, et même au-delà de ce que j’aurais espéré. Cela s’est fait à distance, avec de nombreux messages échangés entre lui et moi et, au bout du compte un excellent résultat en même temps qu’un vrai plaisir et un grand bénéfice pour lui. De son aveu même, il n’avait trouvé aucun intérêt la première fois car il n’avait vu dans cette étude qu’un exercice calculatoire, alors qu’il y a trouvé un grand intérêt dès lors qu’il a compris qu’il s’agissait en réalité d’un exercice de réflexion.

Vos rêves les plus fous en matière de pédagogie ?

Mon rêve le plus fou serait d’arriver à faire comprendre que le fabuleux développement des moyens de calcul en l’espace d’une génération ne dispense pas de réfléchir, au contraire ! En effet, le calcul ne remplace pas la réflexion et l’excès de calcul tend plutôt à l’obscurcir, voire à l’occulter. Il convient donc d’éviter la « calculite » et de développer au maximum la capacité de réflexion.

Qu’est-ce qui vous passionne dans l’enseignement ?

Ce qui me passionne, c’est d’éveiller la curiosité des étudiants et ce qui me rend le plus heureux c’est de lire dans leurs yeux le questionnement, l’étonnement ou la fierté d’avoir su trouver la bonne réponse à une question qui demande réflexion (notamment à propos de ce qui présente un caractère contre-intuitif). Un autre motif de satisfaction provient des questions pertinentes qu’ils m’adressent. En effet, il n’y a pas de bonne réponse à une mauvaise question et un bon ingénieur se reconnait d’abord à la qualité des questions qu’il se pose.

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