Marc Espie : l'expertise informatique au service de la pédagogie          
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L'école de la double compétence
Technologique et manageriale

Marc Espie : l’expertise informatique au service de la pédagogie

me.jpgResponsable de la filière Management et Ingénierie Informatique à Ionis School of Technology and Management, Marc Espie est également un des spécialistes mondiaux du système d’exploitation libre OpenBSD. Du fait de cette expertise, il a été amené à intervenir lors de l’EuroBSDCon, la plus importante conférence européenne autour du système BSD. Il revient sur son parcours, sur sa participation à la conférence et sur les implications que cela peut avoir sur les étudiants de son cursus.

Comment devient-on expert en OpenBSD ?

J’ai commencé l’informatique très jeune, à l’époque de machines aujourd’hui oubliées comme le Commodore 64. Avec ces premiers ordinateurs, dès lors que l’on connaissait un peu de code, on pouvait s’amuser à créer des programmes assez facilement. C’est ce que j’ai fait. De fil en aiguille, j’ai effectué des études de mathématiques et d’informatique qui m’ont conduit à un doctorat en analyse combinatoire. Je voulais rédiger une thèse d’informatique appliquée parce que la pratique est essentielle dans ce domaine et parce que j’aime écrire du code et créer des programmes.

Parallèlement à ce parcours, j’ai commencé à m’investir dans la communauté OpenBSD. J’y suis entré un peu par hasard : à l’époque, je cherchais à installer UNIX sur ma machine personnelle afin de pouvoir effectuer le même type de travaux que dans le cadre de mes recherches. Après avoir fouillé un peu – il s’agit d’une époque où l’Internet haut-débit n’existe quasiment pas – j’ai découvert OpenBSD, qui offrait la seule documentation cohérente. Cette rigueur dans le code m’a plu. Par ailleurs, quand on intègre ce type de communauté, tout est à inventer, tout est possible. J’ai ainsi été chargé du compilateur C du système, des outils de computation, de l’installation de plusieurs milliers de packages…

C’était justement l’objet de votre intervention lors de l’EuroBSDCon à Malte le 28 septembre…

Effectivement. Lors de cette présentation, j’ai pu montrer que le système de package d’OpenBSD était stable et offrait de nombreuses possibilités que les autres systèmes BSD ne proposent pas spécialement.

Cette convention a également été l’occasion d’échanger avec d’autres experts internationaux dans le domaine et de constater que les systèmes BSD ne sont absolument pas de nouveaux entrants sur le marché. Ce sont des systèmes indispensables à Internet depuis ses débuts. Aujourd’hui, Netflix, le service de vidéo à la demande en ligne, faisait partie des sponsors de l’évènement. Ils tournent sous FreeBSD. Quand on sait que leur seul service accapare près de 30 % de la bande passante des Etats-Unis (en comparaison, YouTube représente 18 % de cette bande passante et Facebook 1 %), on peut estimer que le BSD est entré « dans la cour des grands ».

Qu’est-ce que les étudiants de Ionis-STM peuvent retenir de votre expertise ?

Je vois deux points majeurs. D’abord, cela rentre dans le cadre de la pédagogie de l’école. Du fait de mon expérience, j’interviens en tant que professionnel. Je leur apporte une vision sur la qualité du code correspondant aux attentes des entreprises et aux problématiques actuelles, notamment en ce qui concerne la sécurité. Ainsi, je les incite à concevoir un code solide, à l’épreuve de la plupart des risques, plutôt que de colmater les failles découvertes après une attaque.

Par ailleurs, je les pousse à s’investir dans des communautés comme j’ai pu le faire avec OpenBSD. Dans ces environnements, ils peuvent s’enrichir intellectuellement, travailler avec des gens brillants, acquérir des compétences en gestion de projets internationaux, être proactifs et créatifs dans le code. Avec la bonne approche technique, de l’envie et de la volonté, il est très facile de s’intégrer dans ce milieu.

Il faut savoir qu’aujourd’hui, les entreprises ont besoin de personnes avec un profil technique poussé, capable d’écrire du code tout en ayant une vision globale des projets. A l’heure actuelle, les étudiants sortant de la filière Management et Ingénierie Informatique trouvent très facilement un emploi, généralement avant même leur sortie de Ionis-STM. L’approfondissement de cette connaissance de la programmation par l’investissement supplémentaire dans l’univers informatique ne peut, dans ce sens, pas nuire.

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