Stéphane Silva Texeira (Ionis-STM promo 2018), de la recherche à l’efficacité énergétique
Stéphane Silva Texeira (Ionis-STM promo 2018) est un bon exemple des apports de la double compétence. Après un parcours en recherche fondamentale, la tête tournée vers les étoiles, et un passage à Ionis-STM pour un MBA au sein de la filière Énergie & Management, il est devenu ingénieur efficacité énergétique chez Smart Impulse. Une façon pour cet Alumni d’utiliser ses compétences scientifiques et managériales pour faire changer les choses à son échelle au profit d’une cause qui lui est chère : la lutte contre le dérèglement climatique.
Stéphane Silva Texeira, un Alumni qui ne manque pas d’énergie !
Que faisiez-vous avant d’intégrer Ionis-STM et de devenir ingénieur efficacité énergétique ?
Stéphane Silva Texeira : Au départ, je m’inscrivais plutôt dans un parcours de sciences fondamentales. J’ai fait une Licence en physique générale, puis un Master orienté dynamique des fluides et énergétique. J’étais très fasciné et intéressé – et c’est toujours le cas aujourd’hui – par toutes les sciences s’appliquant au domaine de la mécanique des fluides : je travaillais alors plus précisément sur la dynamique des fluides appliquée aux systèmes planétaires ou stellaires, un sujet évidemment très orienté recherche. J’ai d’ailleurs terminé mon Master 2 en 2017 avec un stage à l’Institut de Recherche sur les Phénomènes Hors Equilibre (IRPHE) de Marseille, dans un laboratoire de recherche fondamentale cherchant à mieux comprendre les écoulements fluides et physiques à l’intérieur des planètes et des étoiles. À cette époque, même si je trouvais ce sujet extrêmement passionnant – je suis attiré par l’espace et l’astronomie depuis tout petit –, je sentais qu’il me manquait une part d’appliquée dans mon travail. Cette réflexion se nourrissait aussi de l’état actuel du monde et des nouveaux enjeux climatiques.
La crise climatique a changé votre façon de voir les choses ?
Depuis quelques années, j’avais déjà commencé à développer un réel intérêt pour toutes les questions environnementales et, notamment, le dérèglement climatique. Et même si j’adorais explorer ce qu’il se passait au-dessus de nos têtes, intérieurement, j’enrageais de passer mon temps à regarder les étoiles pendant que « notre maison brûlait », pour paraphraser Jacques Chirac. J’ai alors voulu faire un transfert technologique de mes connaissances vers un domaine beaucoup plus appliqué. C’est à ce moment que je me suis tourné vers Ionis-STM qui proposait justement une formation davantage axée sur l’entreprise, avec des notions de management, de gestion de projets, de sociologie, de marketing, etc. Au final, je suis très content d’avoir fait ce parcours. En termes de background et d’expérience scientifiques, j’ai adoré mes études de physique, dans une fac que j’ai trouvée excellente, avec des professeurs incroyables. Mais voilà, il me manquait le fait de pouvoir appliquer concrètement ces compétences afin d’avancer sur ces questions désormais prioritaires à mes yeux.
Stéphane et des camarades de la promotion 2018
Vous êtes donc passé d’un cursus très orienté recherche à Ionis-STM. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans ce changement ?
Ce qui marque en premier lieu, c’est le côté beaucoup plus « humain » et cela sur plusieurs aspects. Il y a déjà ce qu’on apprend, avec la sociologie des entreprises, le management et la gestion de projets, des enseignements qui intègrent à chaque fois l’humain comme variable, chose qu’on ne retrouve généralement pas dans les sciences dures et fondamentales. C’est en suivant ces cours que j’ai réalisé que, à la fin de mon stage en laboratoire, le relationnel était aussi quelque chose qui me manquait. Bien sûr, au sein du laboratoire, on pouvait parler des articles que l’on rédigeait ou des travaux que l’on menait, mais les échanges étaient finalement assez restreints aux équipes de chercheurs. Le travail en équipe à Ionis-STM était aussi une facette de ce côté humain. Dans le cadre des projets, nous étions amenés à travailler avec des profils différents, venant tous d’autres horizons… Un bon avant-goût du monde professionnel !
Cette année de MBA est forcément assez dense, avec plusieurs projets à mener sur des sujets variés. Que retenez-vous de cette période ?
Il faut savoir que cette année se décompose en deux grandes parties. La première est une sorte de remise à niveau, avec un tronc commun sur toutes les notions générales dont j’ai parlé plus tôt tandis que la seconde s’axe sur la spécialité de notre filière, en l’occurrence la maîtrise et l’optimisation de l’énergie pour moi. Lors de la première partie, le cours m’ayant le plus marqué portait sur l’aisance à l’oral – c’était presque du théâtre ! L’important était d’apprendre à s’exprimer, à faire passer un message et, sur le principe, à maîtriser la forme aussi bien que le fond pour toucher un public. Ayant moi-même fait beaucoup de théâtre, j’ai adoré cette expérience ! Capter une audience n’étant pas toujours évident, j’ai trouvé cela très enrichissant. Durant la seconde partie du MBA, je retiens particulièrement le projet en efficacité énergétique : un audit d’un centre universitaire. Il fallait étudier le centre et proposer des actions de performances énergétiques comme avec, par exemple, la mise en place d’énergies renouvelables. Un projet très complet et quantitatif, qui m’a rappelé ma formation scientifique et m’a permis de mieux voir ce que pouvait donner le fait d’appliquer concrètement l’efficacité énergétique. C’est ce projet qui m’a donné envie de faire le métier que je fais aujourd’hui.
Justement, parlons de votre métier. Vous l’avez découvert lors de votre stage de fin d’études ?
Exactement. J’ai commencé mon aventure chez Smart Impulse en mai 2018, avec ce stage en efficacité énergétique, et trois ans plus tard, je suis toujours là-bas ! Smart Impulse est une entreprise qu’on pourrait, de par sa croissance ces dernières années, classer entre la start-up et la PME. Quand je suis arrivé, c’était une petite structure, avec 25-30 personnes, mais elle reposait déjà sur une belle innovation technologique : des compteurs innovants servant à instrumenter de grosses infrastructures pour, à l’aide du monitoring, mieux comprendre les consommations énergétiques des sites. L’entreprise se concentre sur la partie électrique et dresse des relevés de mesure sur lesquels elle applique ensuite des algorithmes mathématiques afin de comprendre la globalité des consommations du site, avec un seul compteur rattaché à l’arrivée générale du bâtiment. Elle donne ainsi au client une vision par usage sans avoir besoin d’aller sur chaque gros équipement. Le but est de « redonner la vue » au client pour, ensuite, proposer des actions de performance énergétique et établir un suivi sur la durée pour les quantifier et les valoriser avec tous nos outils de monitoring – certains projets peuvent s’établir sur des dizaines d’années, par exemple. Cette démarche d’économie d’énergie et d’une meilleure performance énergétique est d’autant plus importante aujourd’hui suite au décret tertiaire entré en vigueur en 2019 dans le cadre de la Loi de Transition énergétique.
En tant qu’ingénieur efficacité énergétique, vous êtes au contact des clients ?
En tant qu’ingénieur chez Smart Impulse, je suis, dans un premier temps, chargé d’analyser toutes les données qu’on récolte. Cela requiert des compétences en mathématiques et en électrique pour comprendre les sorties d’algorithmes et comment le site concerné « respire » de façon électrique. Ensuite, une fois analysés les signaux électriques observés, on va faire ce qu’on appelle une décomposition par usage. Pour cette étape, on échange avec le client, pour bien comprendre ces usages et la réalité du terrain. Après un certain temps, très souvent un mois, lié aux instrumentations de mesures permettant d’avoir suffisamment de données, vient le temps des réunions de restitution, une période qui peut s’étendre sur un an généralement, avec des points faits tous les trois mois avec le client. Cela permet de voir ce qu’il est possible de mettre en place par la suite.
Quel est le client type de Smart Impulse ?
Nous travaillons essentiellement avec de grands gestionnaires de bâtiments. Parfois, il s’agit de clients finaux – qui possèdent les bâtiments –, d’autres fois, nous sommes en face d’exploitants qui externalisent ce travail auprès de Smart Impulse pour ensuite rendre compte des analyses à leurs clients. Sinon, la technologie Smart Impulse s’adresse principalement aux acteurs du secteur tertiaire. Nous travaillons beaucoup sur l’efficacité énergétique d’établissements d’enseignement comme des lycées et collèges, mais aussi des centres commerciaux, de grands bureaux, des gares et des aéroports. Nous travaillons aussi avec l’industrie, mais dans une moindre mesure.
Était-ce délibéré de rejoindre une start-up comme l’était Smart Impulse à l’époque ?
Oui, même si pour ma recherche de stage, j’ai également sondé de grandes entreprises du secteur. En confrontant les missions que l’on me proposait et les échanges que j’ai pu avoir lors de mes différents entretiens, j’ai très vite su que Smart Impulse collait davantage avec mes ambitions : c’était plus en cohérence avec ce que je recherchais. J’avais déjà en tête l’idée de rejoindre une petite structure, pour être plus proche des gens et réduire le nombre d’intermédiaires entre mes supérieurs et moi, et c’est ce qui ressortait justement de mes discussions avec Smart Impulse. Il était alors question de transversalité, d’interdisciplinarité… Je savais que j’allais pouvoir être en contact facilement avec des personnes de la R&D comme du marketing, pour satisfaire ma curiosité et ce besoin d’humain qui compte énormément à mes yeux. Enfin, et ce n’est pas si anecdotique que cela, Smart Impulse est la société qui m’a fait passer le plus d’entretiens ! J’ai vraiment ressenti qu’ils recherchaient de la qualité, pour former les gens sur le long terme et les impliquer pleinement dans l’entreprise. J’ai été séduit par tout cela.
Nandjafot Mendy (Ionis-STM promo 2018) et Stéphane,
lors de la remise du prix Dream Team par Les Entrepreneuriales Île-de-France
Durant votre année à Ionis-STM, vous avez aussi obtenu le prix Dream Team via le programme Les Entrepreneuriales. Votre appétence pour l’entrepreneuriat a-t-elle aussi guidé votre choix ?
Oui, indéniablement. Quand je suis arrivé chez Ionis-STM, j’avais également à cœur d’en savoir plus sur l’entrepreneuriat et ce projet en relation avec Les Entrepreneuriales a été justement l’occasion de satisfaire ma curiosité. C’était une très bonne expérience. Rejoindre une start-up comme Smart Impulse me permettait quelque part de garder un pied dans cet univers tout en restant sur des thématiques scientifiques, du management et de la gestion de projet.
Enfin, auriez-vous un conseil à donner aux jeunes générations ?
Si vous faites de la science, faites-le à fond et accrochez-vous ! Sur le coup, vous ne verrez peut-être pas forcément en quoi ces notions difficiles en mathématiques ou physique pourront vous servir, mais par la suite, au fil de vos études et dans le monde professionnel, elles vous seront très utiles car plus appliquées. D’ailleurs, au-delà des connaissances pures, la démarche scientifique fondamentale m’aide encore au quotidien pour mieux comprendre ce qui m’entoure. L’analyse, la critique et la prise de recul que l’on apprend à travers ces études dépassent même le cadre scientifique. Au fond, les sciences vous apprennent l’humilité, à vous remettre en question, à être plus ouvert d’esprit, plus curieux aussi. Et c’est ça, le plus important.
L’Alumni et son équipe durant le projet de son MBA dédié à l’Internet of Things
